Le doublage et l'audiodescription en post-production
Pour poursuivre notre approfondissement du processus complexe de post-production et de montage de productions audiovisuelles – avec ses différentes techniques sonores associées -, voici un éclairage sur le doublage et l’audiodescription. En fait, le doublage est une technique utilisée depuis longtemps à la télévision et au cinéma. En revanche, l’émergence de l’audiodescription est quant à elle relativement plus récente… Ainsi, nous allons vous expliquer les spécificités de chacune et en quoi ces deux techniques sont complémentaires.
Doublage et post-production
Ce qui nous intéresse ici, c’est le doublage et l’audiodescription qui s’inscrivent eux-mêmes dans la post-production, troisième étape d’une production audiovisuelle, après la préproduction et le tournage. En fait, la post-production englobe l’ensemble des techniques de finalisation d’un produit filmique ou audiovisuel après tournage. C’est-à-dire le montage de l’image, mais également le bruitage, la postsynchronisation, le montage son, le doublage, le mixage et les effets spéciaux. Cela requiert maintes compétences techniques mais également créatives et de management de projet. Certains experts œuvrent ainsi plus spécifiquement sur l’image, d’autres sur l’audio, la bande sonore.
De ce fait, avant d’entrer au cœur du sujet, rappelons d’abord ce qu’est le doublage, en quoi il consiste. En quelques mots, le doublage consiste à remplacer la bande son originale par une autre produite dans une langue différente . Cela permet de produire des versions d’un film, d’une émission télévisée, d’un programme audiovisuel, ou d’une vidéo, dans plusieurs langues, à partir de la version d’origine. Cette technique assez spécifique de doublage nécessite ainsi quelques étapes :
- Une détection des mouvements de bouches des acteurs
- La traduction et l’adaptation du texte pour être au maximum en adéquation avec les mouvements détectés
- Les enregistrements des phrases parfaitement calées aux mouvements de bouches
Un processus particulier
Le doublage implique donc un processus de traduction particulier en amont, puisque le linguiste doit dans un premier temps analyser le mouvement des lèvres originel – et adapter le texte – afin que la traduction s’y conforme et que le doublage ne se note pas. Le secret d’un doublage réussi réside dans l’impression qu’aura le lecteur que l’intervenant s’exprime dans sa langue maternelle.
En effet, si le doublage est correctement effectué, le spectateur aura l’impression lors du rendu final que le personnage s’exprime effectivement dans une langue différente de celle d’origine.
Voix-off, voix in ou voice-over ?
Nous pouvons ainsi nous demander si le doublage est une voix off ou une voix in. C’est-à-dire une voix qui commente ou une voix visible à l’écran. En fait, ce n’est ni l’un ni l’autre. Nous pourrions dire que le but du doublage est en quelque sorte de créer une « nouvelle voix » in, mais dans une langue différente.
C’est ce que fait par exemple Patrick Poivey lorsqu’il réalise pour différents films, le doublage en français de la voix américaine de Bruce Willis.
Finalement, le doublage est une technique à part entière consistant à substituer aux voix originales des acteurs d’une œuvre audiovisuelle – documentaires, films, interviews -, les voix d’acteurs s’exprimant dans une autre langue. Le but principal étant de diffuser cette œuvre dans des pays qui ne parlent pas la langue dans laquelle l’œuvre initiale a été tournée. Cela favorise ainsi l’accessibilité des contenus audiovisuels à l’échelle internationale.
Attention, le doublage est différent du « voice-over ». Par exemple, si vous souhaitez rendre disponible une interview française en anglais, vous pouvez également avoir recours à une traduction simultanée qui superposera une voix française par-dessus la voix originale anglaise, dont on aura baissé le niveau sonore. C’est cette technique là de superposition que l’on nomme le voice-over.
Ce qui différencie le voice-over du doublage, c’est que dans le cas du voice-over, on n’essaie pas de donner l’impression que l’acteur s’exprime dans une autre langue. Le processus n’est pas « caché », il est totalement apparent. En outre, comme le voice-over est un travail moins « précis », c’est moins coûteux en termes de réalisation qu’un véritable doublage.
Comment fonctionne le doublage
Ainsi, le doublage nécessite une réelle expertise, tant de la part des comédiens, que des équipes techniques. Selon upopi, il y a cinq étapes pour le doublage : la détection, l’adaptation, la calligraphie, l’enregistrement et le mixage.
En effet, le processus de doublage commence donc par transcrire le texte original pour pouvoir le lire en même temps que l’on visionne le film. Le détecteur « étire » le texte suivant le débit verbal des acteurs à l’écran et indique par des signes conventionnels les mouvements des lèvres, les rires, les respirations, les changements de plans, etc. Ensuite, il s’agit d’adapter, de traduire le texte. Le but du traducteur/adaptateur est que sa traduction corresponde avec le texte original, en fonction de la vitesse du débit verbal et du mouvement des lèvres des acteurs à l’écran. Le « calligraphe » simplifie le texte et ses signes sur une bande transparente (dite « bande rythmo ») qui, lors de l’enregistrement, sera projetée sous le film. Vient ensuite la phase d’enregistrement.
Dans un auditorium, un studio d’enregistrement dédié, ingénieurs du son et comédiens se réunissent. Face au film sur l’écran, les acteurs lisent leur texte, qui défile sous l’image sur la bande rythmo établie par le calligraphe. Ils le synchronisent le plus possible au mouvement des lèvres des personnages. Et enfin, les professionnels s’affairent au mixage. Dans la version internationale – VI – on substitue aux voix originales, celles des doubleurs.
Selon le traducteur Sylvestre Meininger, dans le doublage, le traducteur peut davantage prendre de libertés que dans le sous-titrage puisque l’original disparaît. Cependant, il est « tout aussi indispensable de coller au rythme de l’écriture, de la mise en scène et du montage, ainsi qu’à la gestuelle et au jeu des acteurs […] un travail qui demande aussi un peu plus de temps, car dès qu’un personnage remue les lèvres, il faut introduire du texte. Cette liberté est toutefois soumise, en effet, à l’impératif du synchronisme. »
Une prouesse technique et d’acting
Le doublage est partout : films, cinéma d’animation, publicités, jeux-vidéos, documentaires… et pourtant le doubleur prête sa voix sans jamais être vu lui-même. Cependant, même si on ne le voit pas, le doubleur, par sa voix, a un rôle très important. C’est lui qui grâce à sa voix et son talent d’interprétation fera passer certaines émotions. Car en effet, avoir une « belle voix » ne suffit pas. Le doublage est une vraie prouesse technique et d’acting qui demande du professionnalisme. C’est pour cela que la plupart des doubleurs voix sont des acteurs connus. Le doubleur doit savoir jouer la comédie, la tragédie… Faire exprimer à travers sa voix, la joie, l’étonnement, la tristesse… Il doit lire les sous-titres qui défilent sur l’écran tout en mettant le ton et les intonations adéquates à la situation. L’exercice est difficile et demande de l’entraînement.
De plus, pour des vidéos corporate, sachez qu’il existe des catalogues de voix même pour vous guider dans vos choix. En effet, en fonction du message que vous souhaitez faire passer, vous pouvez sélectionner un homme ou une femme, un timbre, un accent particulier. C’est un choix clé et stratégique qui contribue à l’identité vocale de votre marque.
L’audiodescription, plus complète que le doublage ?
Face au doublage, l’audiodescription est un « commentaire » spécifique enregistré qui décrit des scènes d’une œuvre audiovisuelle à l’intention d’une personne ayant des déficiences visuelles. Née aux Etats-Unis en 1975, l’audiodescription est une technique qui favorise ainsi l’accessibilité d’œuvres audiovisuelles et culturelles à des personnes malvoyantes, mais également malentendantes. En effet, pour comprendre, pouvoir profiter au maximum d’une œuvre audiovisuelle, les malvoyants et malentendants ont besoin de supports. Par une voix-off, mais aussi grâce à une multitude de détails donnés par l’audiodescription et les sous-titres.
Plus précisément, l’audiodescription insère au programme une piste audio supplémentaire – spécifique – qui décrit les éléments visuels importants, de manière à faciliter la compréhension de l’intrigue par les personnes malvoyantes. Cette description sonore s’intercale avec les plages de dialogue.
Avec l’adoption de la loi du 5 mars 2009, l’audiodescription est obligatoire pour les chaînes de télévision privées numériques dont l’audience moyenne est supérieure à 2,5%. Cette convention a été établie avec le CSA – le conseil supérieur de l’audiovisuel français.
Les diffusions de ce type de programmes ne cessent de croître. Ce qui est bénéfique pour plus de 932 000 personnes malvoyantes en France. Il était temps de s’y mettre car d’ici 2020, 1/3 des personnes sera notamment concerné par une déficience visuelle.
Le doublage et l’audiodescription œuvrent chacun à leur niveau pour l’accessibilité numérique et audiovisuelle. Ni l’un ni l’autre n’est plus « complet ». Ils répondent davantage à des besoins et des spécificités différents. Chez Authôt, nous y accordons nous aussi une grande importance avec nos différents services de retranscription, sous-titrage et traduction… et notamment En Direct !
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